Des nouvelles des Instants Vidéo

Reçu ce texte plein d'enthousiasme et de passion de la part de notre ami Marc Mercier dont le périple s'achève bientôt.

 

Compte-rendu de la journée des Instants Vidéo dans la prison des Baumettes (Marseille), et autres petites considérations

Hier, mercredi 3 décembre, je me suis rendu à la prison des Baumettes pour restituer aux détenus le débat qui a suivi la projection de leur film "Ce qui nous sépare, ce qui nous réunit", programmé jeudi dernier au Rendez-vous des quais (CRDP Marseille).

Visiblement, ils attendaient avec impatience ce moment. Je regrette de n'avoir pas enregistré leurs réactions et commentaires, notamment quand une personne de la salle a dit qu'elle aurait souhaité que leur film parle un peu plus de la prison, de leur condition de vie… "Mais nous sommes des êtres humains comme les autres, on est capable de parler d'autre chose, d'amour, du monde, de la vie…" Se souvenant de la revendication des artistes de Palestine que nous avions reçus l'an passé, ils s'exclamèrent "Nous sommes des prisonniers ET des êtres humains", s'inspirant du "Nous sommes artistes ET Palestiniens"… d'ailleurs, ce soir-là une dame a fait allusion à cette remarque pertinente.

Ils ont à la fois été très touchés du fait que des gens ont fait l'effort de réfléchir sur leur film, sa forme, son contenu et le processus qui a mené à une telle réalisation. "On sent bien que les gens qui ont pris la parole sont principalement des réalisateurs ou des gens de la culture; on aurait aimé aussi entendre des gens qui ne sont pas des spécialistes". J'ai alors expliqué que quelques personnes sont venues me parler après la séance, et que pour eux, c'était difficile de parler en public".

L'après-midi, nous avons commencé un montage du débat (qui a duré presqu'une heure et qu'il conviendrait de réduire à moins de 20 minutes). L'objectif est de diffuser sur la canal interne de la prison, leur film, un montage du débat, et 4 ou 5 des films qu'ils avaient choisis parmi ceux qui ont été diffusés jeudi dernier.

Ils ont aussi souhaité me montrer des lettres vidéo qu'ils ont réalisées pendant mon absence, et expédiées à des étudiants en cinéma d'Oslo. Impressionnant. Chaque film est singulier, juste et reflète leur personnalité. Ils m'ont ensuite montré les réponses des Norvégiens. Techniquement au point, mais d'un vide abyssal selon moi.

Quand nous nous sommes quittés hier soir, ils m'ont remercié de leur avoir fait connaître l'art vidéo, "je ne sais pas encore à quoi cela va me servir dans le futur, mais ça m'a ouvert vers un monde que je ne connaissais pas". Il y a vraiment des jours où je ne regrette pas d'avoir été entraîné par Lieux Fictifs dans cette aventure peu commune. Je ne mesure pas à quel point ces expériences en prison ont pu influencer le positionnement politique, poétique et humain des Instants Vidéo, mais je sais que se joue-là quelque chose d'essentiel.

 

Les 21es Instants Vidéo touchent à leur fin. Il nous reste à vous proposer  une soirée à Marseille, mardi 9 décembre au restaurant L'Auberg'in à 19h30.  (programme sur le site) Comme d'habitude, l'entrée est libre. Il y aura la possibilité de manger et boire sur place. Une soirée (19h30) à Plouhinec (en Bretagne), le 12 décembre; Une journée (qui vient de se rajouter, à la demande d'une artiste que nous adorons (Michèle Waquant) à l'Ecole d'Art de Cergy-Pontoise, le 18 décembre) et aux Arts Déco de Strasbourg, une soirée qui a été repoussée au 15 janvier (avec la complicité de Vidéo les Beaux Jours)…

J'espère que cette 21e édition des IV, qu'étant donnée sa dimension tentaculaire vous n'avez pu saisir qu'une partie, a parfumé ce qu'il y a de plus vivant en vous. Nous avons été heureux de les faire avec vous (partenaires, artistes, publics, techniciens, journalistes, amis d'un jour ou de toute une vie, enthousiastes ou critiques…). Nous avons conscience d'avoir créé de merveilleuses situations sensibles et d'en avoir échoué d'autres. La liberté se nourrit de cette fragilité joyeuse.

Nous vous souhaitons d'être vertigineusement aimés…

 

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